18 Juin 2013
Public nombreux et attentif la librairie l'Ivraie de Douarnenez, pour la présentation de l'ouvrage "Les marées vertes tuent aussi" par YVES-MARIE LE LAY, président de Sauvegarde du Trégor, fédération d’associations autour de la Baie de Lannion. Yves Marie Le Lay est en Bretagne, un des piliers de la lutte contre les méfaits de l’agriculture intensive industrielle. Il a captivé son auditoire en racontant l'histoire de ces marées vertes dont les premiers signes apparaissent en 1971 quand la mairie de St-Michel-en-Grève constate ses algues envahissantes et putrides qui font fuir les estivants.
Yves-Marie Le Lay s'interroge sur ces 30 années pendant lesquelles il y aura peu de réactions et sur l'arrivée "tardive" des associations qui vont se créer à partir de 2001. Pourtant les accidents liés aux algues vertes sont régulièrement signalés par la presse. A titre d'exemple, en juillet 1989, un jeune jogger, Jacques Thérin, 26 ans, avait été trouvé mort sur la plage de Saint-Michel-en- Grève, englué dans un épais matelas d'algues vertes en putréfaction. Et Ouest-France s'interroge : "les algues vertes ont peut-être tué". A plusieurs reprises, des chiens vont aussi trouver la mort.
C'est cependant la mort du cheval le 28 juillet 2009 qui va déclencher une prise de conscience au niveau national grâce à une couverture médiatique exceptionnelle de l'évènement. Yves Marie le Lay donne l'anecdote d'un proche qui, revenant de Montréal, lui montre le cheval à la une d'un journal canadien...Le docteur Pierre Philippe, explique le malaise "fulgurant", puisque le cheval est "mort en une minute", par la présence d'"hydrogène sulfuré, un poison brutal, bien connu au niveau professionnel, qui est à l'origine d'accident dans des fosses à vidange ou à lisier". La Préfecture fera tout pour nier l'évidence mais à cette occasion, la toxicité des algues vertes commence à être comprise du grand public.
Viendra ensuite "l'été des sangliers" en 2011. A partir du 24 juillet, c'est une harde de 36 sangliers qui va périr dans l'estuaire du Gouessant en Baie de Saint Brieuc. Les algues vertes laissées par la marée étaient en putréfaction avancée quand les animaux ont commencé à mourir. Ce fut le feuilleton de l'été 2011 et cette fois-ci encore les autorités préfectorales ont tout fait pour essayer de nier la responsabilité des algues, même quand le laboratoire a confirmé la présence de l'hydrogène sulfuré dans les poumons des sangliers.
Dès août 2009, le Premier ministre François s'était rendu sur les lieux, annonçant la mise en place d'un "plan algues vertes" qui concerne aujourd'hui 8 baies-pilote en Bretagne. Yves Marie Le Lay porte un regard très critique sur ces plans qui utilisent 140 millions de l'argent des contribuables pour un résultat qui, selon lui sera une fois de plus décevant. Il se déclare sceptique sur l'efficacité d'actions menées sous la houlette de la Chambre d'agriculture, sur la base d'objectifs collectifs, sans contrôle des résultats obtenus exploitation par exploitation.
Après cet exposé passionné et passionnant, un temps d'échange permettra au public de poser des questions et d'exposer la situation locale autour de la baie de Douarnenez dans laquelle on ramasse chaque année des milliers de tonnes d'algues vertes. Jean Hascoet, le président de l'association Baie de Douarnenez Environnement précisera qu'en 2012 la cueillette des coquillages a été interdite dans la baie pendant plus de 200 jours et que l'état écologique de la baie est classé "médiocre".