26 Mai 2012
Courrier co-signé par les 4 associations : Baie de Douarnenez Environnement, Bretagne Vivante, CLCV, Eau et Rivières de Bretagne, adressé aux financeurs du plan algues vertes (Conseil Régional, Conseil Général du Finistère, Agence de l'eau Loire Bretagne, Etat),
La Commission Locale de l’Eau de la baie de Douarnenez a examiné le 5 mai le projet de plan d’action envisagé pour réduire les marées
vertes qui envahissent régulièrement son littoral depuis des années. A cette marée verte s’ajoutent aussi les proliférations de phytoplancton toxiques qui ont conduit récemment les autorités à
interdire la pêche à pied des coquillages !
Comme n’a cessé de le rappeler dans tous ses avis le Conseil Scientifique, le contrôle des marées vertes ne pourra être obtenu
que par une réduction drastique des flux de nitrates rejetés à la mer, et donc par des changements profonds des systèmes de production et des pratiques agricoles.
A la suite de la présentation d’un premier projet de plan d’action, et de l’avis très critique du conseil scientifique vous avez
demandé le 17 février dernier aux collectivités concernées d’améliorer ce projet.
Au regard de l’importance ses financements publics mobilisés (plus de 11 millions d’euros, le chiffrage définitif n'ayant pas
été présenté à la CLE), de la nécessité absolue d’obtenir une réduction effective des rejets de nitrates dans la baie afin de préserver son attractivité touristique et son économie, les
évolutions apportées sont loin d’être suffisantes :
· contrairement à votre demande de rééquilibrage des actions prévues au volet agricole, le projet proposé maintient et favorise
la concentration du cheptel hors-sol; l’axe 1 qui repose pour l’essentiel sur le développement de la méthanisation et du traitement des lisiers de porcs, mobilise l’essentiel des crédits
alors qu’il ne concerne qu’une minorité d’élevages industriels de porcs;
· l’évolution des systèmes de production est réduite à la portion congrue : seulement 5 % de surfaces en agriculture
biologique, soit un objectif inférieur à celui fixé par la Loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement ;
· le développement des surfaces en herbe, solution performante au plan économique et environnemental, est
limité à +7 %, ce qui maintiendra l’assolement actuel dominé par le maïs et les céréales, cultures à fortes fuites d’azote.
En outre, nous constatons qu’il est prévu de confier la maîtrise d'oeuvre des diagnostics projets et de l’axe 1 du volet
agricole à la chambre d’agriculture, ce qui alourdit les coûts pour les contribuables, fragilise la réussite du plan, et augure mal de la volonté des collectivités concernées de
transformer progressivement, mais en profondeur, l’agriculture des bassins versants de la baie de Douarnenez, condition indispensable à l’éradication des marées vertes.
Manque d’ambition, actions inadaptées à l’objectif d’évolution « vers des systèmes de production à très basses fuites de nitrates »
comme le demande le plan gouvernemental arrêté le 5 février 2010, gouvernance inadaptée, le projet que nous avons examiné en C.L.E n’est que le prolongement, avec un niveau de financement public
supérieur, des programmes précédents qui ont donné si peu de résultats.
Il n’est ni cohérent avec « La nouvelle alliance agricole » préconisée par le Conseil Régional, ni compatible avec les exigences de
résultat sur la qualité des eaux que la commission européenne vient de rappeler à la France en décidant de la traduire devant la Cour Européenne de Justice.
Nous vous demandons instamment de ne pas valider ce projet, et de solliciter des collectivités concernées les améliorations
indispensables.
Explications par Jo Hervé, Président d'Eau et Rivières de Bretagne